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Interview d'un sniper soviétique en Afghanistan

Démarré par Harine, 28 Juillet 2012 à 12:20:15

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Harine

Petite traduction faite par une connaissance de l'interview d'un Sniper Spetsnaz en Afghanistan.



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L'autre jour, je suis tombé sur un article intéressant paru dans le magasine BACKPACKER. Cela a attiré mon attention pour un certain nombre de raisons. La première était tout simplement la photo d'un Navy Seal avec son sac sur le dos, tenant un M16. BAXKPACKER est une très bonne revue, une véritable source d'information. Donc voir un article, de plus assez positif sur nos troupes était une bonne surprise. L'article principal était dédié aux nouvelles tenues dessinées pour et testées par nos Forces Spéciales. D'après l'article, Il semblerait que très peu de temps après leur arrivée en Afghanistan,  des demandes aient été formulées pour des tenues plus légères, plus chaudes et séchant plus rapidement. Le froid,  l'altitude et l'utilisation intensive des tenues a été un révélateur immédiat des faiblesses de nos équipements.   
C'est la raison pour laquelle cet article a attiré mon regard.  Bien avant que nos troupes ne posent les pieds dans ce pays, on m'avait dit que nos équipements pour temps froids ne tiendraient pas la distance dans les montagnes afghanes. A l'époque je n'y avais pas prêté attention.  Après tout, notre équipement était relativement récent et de bonne qualité. Mais je n'avais jamais crapahuté sur les montagnes afghanes, alors qu'un de mes amis (que je nommerai ici Andrei, mais ce n'est pas son vrai nom) l'avait fait quelque temps plus tôt. En lisant la suite, vous apprendrez qu'Andrei a passé une bonne partie de sa jeunesse en Afghanistan. Mais quand il était là bas il portait les épaulettes de l'armée soviétique. Il était à l'époque membre des troupes d'élites, les Spetsnaz. Ses actions au combat lui ont d'ailleurs valu l'étoile rouge.
J'ai fait un certain nombre d'interview avec Andrei sur lui et ses amis des différentes forces spéciales lorsqu'ils étaient basés en Afghanistan. L'objet même était de glaner le maximum d'information qui pourrait être utiles à nos gars. Comment les soviétiques et les Mujahdines opéraient, quelle était l'efficacité de leurs armes, qu'est ce qui marchait bien et ce qui ne fonctionnait pas. Etant donné que beaucoup de nos lecteurs sont en service actif, en réserve ou incorporés à la garde nationale, je pense qu'il est intéressant d'offrir ici une compilation des ces interviews.


Donnez nous un résumé de votre expérience militaire, de votre période en Afghanistan, vos positions et grades:
Lorsque j'ai été enrôlé, j'ai demandé à être affecté à une unité de parachutistes, ce qui m'a été accordé. J'ai fait 3 sauts d'essai avant mon service militaire et lors de ma formation de base à l'école de parachutisme j'ai sauté 24 fois, incluant 2 sauts en chute libre et un saut de nuit. A cette période j'étais un passionné de Sambo et pour cette raison, j'ai été sélectionné et transféré dans une unité Spetsnaz. J'ai été volontaire pour servir dans la 40eme armée en Afghanistan et j'ai effectué ma première période de six mois en tant que sniper. Par la suite, j'ai demandé à être transféré et j'ai servi le reste de ma période en tant que tireur de précision dans un groupe d'assaut. J'ai passé 23 mois dans l'armée soviétique dont 16 mois en Afghanistan avec le grade de Private (engagé ?)

Avez-vous reçu un entrainement spécial avant votre affectation?
Oui, plus particulièrement sur les embuscades, le minage/déminage, ainsi qu'une formation de sniper de pair avec une formation d'alpinisme/montage de 3 mois.

Pouvez-vous nous décrire votre emploi du temps en Afghanistan?

Je suis arrivé en Afghanistan le 23 Octobre 1985. J'ai servi dans la partie Nord Est du pays, en particulier dans les provinces de Takhar, Baglan et Kunduz. J'ai été stationné la plus grande partie de mon temps dans la province de Takhar qui est actuellement la zone d'opération de l'alliance du nord. Mon unité a été affectée à la suppression de leurs lignes d'approvisionnement essentiellement constituée par des convois et caravanes. Nous recevions des informations sur le déplacement des convois et caravane et leur lieu de passage, nous permettant ainsi de monter des embuscades et d'attendre leur arrivée. C'était notre tâche principale. Une part moins importante de notre activité consistait à monter des opérations sur la base d'informations sur les déplacements des détachements rebelles qui pratiquaient le R&R (Research and Recon ?) dans des villages. Dans ces cas nous avions l'habitude de travailler ave les « Verts » (troupes régulières afghanes) ou un bataillon d'infanterie ou de parachutistes afin d'encercler le village et d'anéantir les forces hostiles. J'ai été évacué d'Afghanistan après avoir été blessé au combat lors d'une opération spéciale menée par mon unité le 17 février 1987.

Quelle était la taille des unités dans lesquelles vous évoluiez et quel était votre armement?
Typiquement 22 personnes ou quelque chose d'approchant. Nous étions 5 officiers, 4 NCO et le reste de l'équipe était constituée de sergents et de soldats. Nous nous divisions en 3 groupes principaux. Pour les tirs de suppressions, nous étions équipés de 3 PKM, 2 SVD et 4 RPK74. Nous avions 1 AGS17 que nous prenions de temps en temps avec nous en fonction de la mission (à cause du poids). Si les convois visés étaient limités en cibles, ce n'était pas la peine de prendre ce type de matériel. Nous transportions 2 RPG7 avec suffisamment de munitions si le convoi était composé de véhicules. Chaque groupe avait 3 ou 4 RPG18 « Mouche ». Le fusil standard était le 5.45x39 AKS74. Deux de ces fusils étaient équipés avec un lance grenades GP25, l'unité en possédait donc 6 au total. De plus nous avions 2 7.62x39 AKMS avec silencieux PBS par groupes, Les munitions subsoniques 7.62x39 étaient difficile à obtenir, nous utilisions donc des munitions standards. Chaque homme emportant pas moins de 450 cartouches et la plupart choisissait de prendre 600 cartouches sur eux. Les snipers avaient environ 150 cartouches de 7.62x54R . Les chargeurs supplémentaires pour SVD étaient durs à obtenir. Nous en avions 5 en dotation de base. J'en portais 7 ainsi qu'un pistolet auto Stetchkin dans un holster glissé dans une poche extérieure de mon sac. Je transportais également 3 chargeurs de 20 cartouches pour le Stetchkin. Lorsque j'étais équipé d'une AK74S, je transportais 9 chargeurs de 30 cartouches. Seuls les 5 premiers faisaient partie de la dotation de base, les 4 autres provenant d'échanges ou pris à l'adversaire.

Qu'aviez-vous comme type de support?
Mortiers et artillerie. Nous avions également un bataillon en réserve en contact radio permanent. Nous avions un FO ( ??) à disposition, et si nous avions besoin d'un tir de couverture, dans les deux minutes vous pouviez entendre les projectiles siffler au dessus de vos têtes. Il effectuait des corrections de tir et le feu des enfers pouvait se déchaîner. Nous avions aussi un support aérien dans les 15-20 minutes après notre appel. Nous allions rarement en mission sans s'être assuré qu'un soutien était disponible.

De quel type d'armes et d'équipements spéciaux votre unité disposait-elle (NVG?)

Dans notre unité de 22 hommes, notre CO possédait une paire de NVG ainsi que son second. En fin de période, 1 de nos sniper était équipé d'une lunette de tir NVG pour son SVD, cela n'était pas le cas lors de mon service actif en tant que sniper.

Munitions guidées ou imagerie thermique?
Rires: non, nous n'avions rien de semblable.

Armes silencieuses?
Chacun de nos trois groupes avait 2 AKMS avec silencieux PBS

J'aimerais que nous parlions des armes légères utilisées en Afghanistan. Pourquoi ne pas commencer avec les pistolets. Comment était considéré le 9x18 Makarov?

Et bien, les officiers et quelques sergents étaient dotés de cette arme. La meilleure façon de décrire ce que nous pensions d'elle est de rapporter ce que les officiers en disaient : « C'est la meilleure arme disponible, fiable, bon fonctionnement, légère, confortable ; c'est véritablement la meilleure arme pour...le suicide, vous ne devez la charger que d'une seule balle « C'est ce qu'ils disaient (rires) mais c'est ce qui aurait pu être dit pour n'importe quelle arme de poing. Tous les officiers avaient des AK au combat. Mais les soldats considéraient qu'il était cool d'avoir un Makarov. La plupart des officiers ne le prenait même pas pour les combats ils considéraient le armes de poing comme inutiles.

Connaissez-vous un cas où un Makarov a été réellement utilisé en combat?
Non pas que je me souvienne. En revanche, je me souviens en avoir ramassé sur des cadavres de Mujhadines, ils étaient de fabrication chinoise, j'en ai ramassé un certain nombre.

Avez-vous reçu un entrainement au tir avec le Makarov?
Oui, On nous donnait 3 cartouches qu'on tirait sur cible à 25 mètres, On était noté. On nous donnait ensuite 5 cartouches supplémentaires et on était à nouveau noté. Cette dernière série était tirée à la manière des européens, buste de coté, une main sur la hanche.

Avez vous vu d'autres armes de poing utilises par les troupes soviétiques?
Oui le Stetchkin, j'en avais d'ailleurs un et c'était vraiment cool. Cette arme m'avait été remise avec mon équipement de sniper, ce qui était une exception à l'époque. Je ne pense pas que les unités de VDV en étaient dotées. Mais j'avais de bon contact avec un Major qui était de ma ville de naissance et il était en charge de l'armurerie. Lorsque j'ai vu le Stetchkin, je me suis plaint à cet armurier de telle façon qu'il a fini par m'en allouer un à titre individuel pour me faire taire. Mais j'ai dû le rendre avec ma SVD.

Quelle était la dotation avec le Stetchkin?
J'ai eu 3 chargeurs, un holster en cuir, un brelage d'épaule pour porter le holster. Je ne l'ai jamais vraiment utilisé car il était dans une poche de mon sac avec les chargeurs. J'ai également eu une poche pour chargeur que je n'ai pas utilisé, ayant déjà beaucoup de choses à ma ceinture. Et une tige de nettoyage.

Quelle était votre opinion sur les performances du Stetchkin?
Et bien je dois dire que n'ai jamais eu à l'utiliser en condition de combat. Mais je peux vous dire avec une certitude absolue, parce que j'en ai la preuve, que cette arme renverse une cible d'entrainement à 200-250 mètres avec son socle. En full auto, cette engin était contrôlable grâce à son recul modéré et il était même possible, avec un peu de pratique, de tirer en coup par coup tout en étant en full auto. Je l'ai sorti quelque fois lorsque nous étions à l'intérieur de bâtiments ou pour inspecter des ruines bombardées. Lorsque je l'ai sorti de son étui je le tenais à la main sans l'étui-crosse monté, comme un pistolet normal

Comment les troupes soviétiques considéraient elles le Stetchkin?
Tous y compris nos anges gardiens (image) voulaient en avoir un. Ils étaient considérés comme hyper cool. Tout le monde voulait tirer avec, parmi les conscrits ils étaient considérés comme une arme exotique. Ils me "cassaient les pieds" pour pouvoir tirer avec.

Etait-il difficile de ce procurer des munitions en 9x18?
Non, du tout, il y en avait plein, partout. En particulier des pleines boites remplies. Du fait que personne n'utilisait réellement ce calibre, il y en avait à foison.

Vous étiez sniper, votre SVD était-il neuf ou usé lorsque vous l'avez reçu?
Il n'était pas flambant neuf, il était usé avec quelques traces mais en très bon état de fonctionnement.

Vous aviez toujours la même arme durant votre service?
Oui, un numéro de série = votre arme


Harine

Quels accessoires avez vous reçus avec votre SVD?
J'ai reçu 4 poches pour chargeur, une tige et un kit de nettoyage, une bouteille d'huile pour arme. Je ne me souviens plus si j'ai reçu un protège batterie pour grand froid ou un filtre pour la lunette. Lorsqu'on attaquait un convoi, Il y avait plein de chargeurs d'AK que l'on pouvait récupérer mais on voyait moins souvent des rebelles avec SVD, donc on ne pouvait pas souvent en récupérer. Néanmoins vous pouviez acheter des nouveaux chargeurs auprès des armuriers ou faire du troc.

Concernant le SVD, utilisiez vous une lunette de tir, l'enveloppiez vous pour le protéger ou couvrir le frein de bouche?

Je n'ai jamais couvert le frein de bouche. J'ai par contre utilisé le sac de protection pour la lunette qui nous était donné. Mais lorsque je rendais l'arme à l'armurerie ou lorsque nous mettions les armes en pyramide, j'enlevais le sac de protection, la bonnette et des fois la lunette elle même. Souvent j'enlevais le repose-joue afin qu'il ne soit pas volé. Lorsque nous nous déplacions, le sac de protection était sur la lunette jusqu'à notre point d'action ou je l'enlevais.

Donc vous n'avez jamais reçu de sac de transport pour y mettre votre arme?
Non

Comment les mires étaient elles ajustées?
En ce qui concerne les AK74, ce sont les armuriers qui s'en chargeaient. Elles vous étaient remises avec les consignes d'ajustement standard. Donc vous saviez d'avance comment elles étaient réglées. Ils vous disaient un peu au dessous ou un peu à gauche. Mais vous ne pouviez pas les régler vous-mêmes. En ce qui concerne le réglage de la lunette du SVD, l'utilisateur la réglait entre 300 et 400 mètres. Vous posiez une cible à peu près à cette distance en comptant des pas, rien de précis. La cible pouvait être n'importe quoi, une cruche, une pierre, une pièce de chenille pour char qui faisait du bruit lorsque la balle touchait sa cible.

Avec quel type de munition régliez vous le SVD?
Et bien cela dépendait de ce qui était disponible. Vous pouviez l'ajuster avec les munitions spéciales sniper ou des munitions classiques. Ils pouvaient vous donner 20 munitions spéciales sniper ou vous dire d'aller vous faire voir ailleurs et vous donnaient des munitions standards. Mais ils n'exigeaient pas des tirs précis à 400 mètres dans l'œil gauche de la cible, un coup gagnant quelque part au niveau de la poitrine c'était bon.

Comment était fait le réapprovisionnement en munitions?
Juste avant une mission lorsque les armes individuelles étaient distribuées (le kit de combat) avec les chargeurs et autres babioles. Ils annonçaient alors "squad numéro x" venez recevoir vos munitions. Alors vous y alliez et un officier vous distribuait vos munitions. Il tenait à jour une liste écrite avec le nombre de cartouches que vous deviez recevoir, le type de cartouche, le nombre de grenades, le nombre de cartouches pour sniper etc... Il demandait à un soldat de préparer la dotation pour le groupe et la faisait déposer sur une grande table en bois à l'armurerie ou votre groupe venait s'approvisionner. Les munitions pour sniper étaient distribuées dans des boites séparées du reste.

Avez-vous utilisé la lunette PSO avec réticule lumineux au combat?
Oui, bien sûr.

Est ce que les batteries étaient difficile à obtenir?
Cela dépendait de la personne qui distribuait les batteries. Certains étaient des $ù*ù$*ù. Lorsque vous demandiez une batterie, il pouvait vous envoyer promener et il n'y avait rien à faire. D'autres fois, ils vous en donnaient quelques unes. La première chose à faire c'était de ne pas les installer dans la lunette, vous les gardiez dans votre poche (rire). Et lorsque vous en aviez vraiment besoin, vous les installiez. Il y avait des cas de figure très différent car nous étions toujours intégré dans des unités différentes et ils respectaient ce que nous faisions, et en conséquent se montraient plus coopératifs. Si j'avais un problème j'allais voir mon commandant d'unité et lui disait que ce ù*^$ù* ne voulait pas me fournir de batteries. Cela résolvait souvent le problème.

Avez-vous eu des problèmes avec des bris d'ampoules?
Non pas spécialement, je n'en ai jamais remplacé une.

Comment estimez-vous la distance aux cibles avec le SVD?
J'utilisais la règle intégrée à la lunette PSO ainsi que des jumelles avec graduations et formules mathématiques. Si c'était un véhicule ou un humain, vous pouviez utiliser les jumelles 8x30 graduées et utiliser les maths pour calculer la distance.

A quelle distance engagiez vous les cibles avec le SVD?

De 400 à 800 mètres. Mon record est de 1000 mètres.

Et la distance d'engagement avec une AKS74?

Entre 200 et 400 mètres en fonction des circonstances. La distance idéale était entre 200 et 250 mètres.

Combien de munitions 5.45 ou 7.62 transportiez vous?
Jusqu'à 650 cartouches pour les 5.45 et 200 cartouches pour les 7.62

Comment transportiez vous vos cartouches supplémentaires?
Dans les poches de mon sac, dans leur emballage d'origine.

Avez-vous transporté des 5.45 sur barrettes (?????)
Non, jamais. Vous pouviez stocker les paquets de cartouches n'importe où dans vos poches de pantalon, n'importe où. Mais si vous les transportiez sur barrettes, vous deviez d'abord mettre les munitions sur la barrette, puis charger les barrettes dans les chargeurs, donc tout le monde s'en foutait. J'ai vu des barrettes disponibles à l'armurerie mais personne ne les utilisait.

Est que le mode préféré de tir avec AK74 était le full auto?
Oui, dans la plupart des cas. Même si à la fin d'une action de tir on passait en mode single car, en fonction de l'intensité des tirs, on essayait d'économiser des cartouches car on ne savait pas ce qui pourrait se passer par la suite. Mais au début de l'engagement on devait lâcher au maximum avec de longues rafales afin d'enlever à nos adversaires l'envie de se battre. C'était la procédure habituelle.

De quelle durée les rafales au début de l'engagement?
Des rafales de 5 ou 6 coups même si on savait que seules 1 ou 2 balles allaient toucher l'endroit visé et que le reste partait dans la nature. On nous enseignait que la meilleure rafale est celle de 2 ou 3 tirs, on nous apprenait la technique du "vingt deux" lors de notre entrainement de base. Le truc était de penser au chiffre "vingt" puis de relâcher la queue de détente au chiffre "deux" et deux balles partaient, rarement trois. De cette façon on économisait des munitions tout en produisant des tirs efficaces. De plus on nous apprenait à viser au niveau des genoux des cibles entre 300 et 400 mètres. Lors d'un assaut adverse en formation décalée, on nous apprenait à viser les genoux droits et la première balle les touchaient au niveau de la poitrine, la seconde au niveau de l'épaule gauche et la troisième balle avait une chance de toucher l'assaillant derrière la première cible.

Avez-vous reçu des munitions "tracer" pour votre AK74 ou SVD?
Tout le temps. La plupart de nos opérations se faisait la nuit ou à l'aube et les tracers étaient utilisées pour guider notre appui aérien. Nous chargions des tracers toutes les 4 ou 5 cartouches dans nos chargeurs, de quoi pouvoir ajuster et corriger nos tirs. Je n'utilisais pas de tracers avec le SVD car dès le premier tir avec tracer vous révéliez votre position.

Pensez vous qu'il y ait des différences d'efficacité entre le 7.62 pour AKM et le 5.45 pour AK74?
En fait l'AK74 était un matériel relativement récent qui venait d'être mis en service depuis peu d'années. Tous avaient l'impression que ce matériel utilisait une munition spéciale avec un centre de gravité décalé qui générait des dégâts considérables et nous étions tous d'avis que cette AK74 était une arme de premier rang grâce à ses munitions.

Donc, lors de vos classes, il vous a été dit que cette munition en 5.45 avait des caractéristiques très spéciales.
C'est exact, on nous a indiqué que le centre de gravité de la balle était décalé.

Est ce que cette caractéristique était visible en situation de combat? Aviez-vous l'impression que cette balle était plus efficace que le 7.62?

C'est difficile à dire, surtout lorsque les balles volaient en tout sens. Vous n'aviez pas le loisir de vous déplacer de regarder le trou et de dire « regardez ce qu'a fait celle-ci et voyez ce qu'a fait celle là ». Je pense que ces deux munitions faisaient leur travail très correctement. Mais la personne qui portait une AKM était un peu spéciale à cause du silencieux PBS dont elle était dotée. Mais encore une fois, quand on parle de poids transporté, le servant devait porter 600 cartouches ce qui représentait un poids supérieur de 30% comparé aux 5.45. Le 5.45 faisait également son travail correctement et les balles avait une trajectoire rectiligne et touchaient ce que vous deviez toucher et tuaient ce que vous deviez tuer, et voilà.

Vos armes étaient elles fiables en condition de combat?
Oui pas mal, on a eu un enrayement une fois avec une PKM. On avait de temps en temps des petits soucis, jamais en ce qui me concerne, sur des AK74, mais rien de grave, cela prenait une seconde pour rectifier. Globalement tout notre matériel était très fiable.

Les PBS sur AKM étaient ils efficaces?
Les utilisateurs n'avaient pas les munitions subsoniques adéquates, on utilisait donc les munitions standards 7.62. Le silencieux marchait quand même mais pas aussi efficacement. Le son était assez perceptible et fort. Mais cela suffisait pour exploser les cibles et elles ne parvenaient pas détecter l'origine du tir.

En quelles circonstances les AKM silencieuses étaient elles utilisées?
Typiquement pour éliminer un garde. Ou dans le cas d'une attaque de convoi, on éliminait celui qui était à la limite de la zone d'engagement afin de bloquer les autres dans la zone de tir car on ne pouvait se permettre d'en laisser s'échapper. Donc principalement utilisée pour éliminer discrètement les éclaireurs.

Avez-vous eu des problèmes avec les silencieux?
Aucun, si vous en connaissiez le fonctionnement. On tirait environ 5 cartouches avant d'avoir à remplacer le diaphragme interne. Mais c'était facile et notre kit en comportait 4 ou 5 d'avance.

Comment utilisiez vous les GP25?
On avait 3 ou 4 personnes équipées avec les GP25 et on les utilisait à bon escient (rires). J'en ai utilisé un pendant une semaine. On portait une poche avec 10 VoG25 anti-personnelles. Ca marchait pas mal sur 300 mètres mais cela demandait une certaine habitude et un entrainement spécifique. A la base c'est une sorte de petit mortier. On pouvait les utiliser assez rapidement car le chargement se faisait par la gueule. Dès que la grenade était insérée dans le tube, on entendait un clic et on était prêt à l'utiliser, on changeait de main, appuyait sur la détente et boom. Les GP25 étaient très appréciés dans les zones montagneuses car ils représentaient une force de frappe considérable.

Est-ce que vous nettoyiez vos armes régulièrement?
Difficile à dire, si l'arme était confiée à un conscrit, JAMAIS. C'était le rôle des officiers de faire en sorte que les personnels maintenaient correctement leurs armes. Si une arme s'enrayait, ou posait problème, alors son utilisateur était en danger et son unité également. On essayait de procéder aux nettoyages lors de notre temps libre. En opération, lors des phases d'attente, sachant qu'on l'utiliserait, on en prenait soin et on nettoyait pour être sûr de son bon fonctionnement. Je ne me souviens plus exactement de la fréquence des nettoyages car des fois on attendait et on se tournait les pouces. Vous devez savoir qu'en Afghanistan votre arme sera sale tous les jours dès sa sortie de l'armurerie, tellement sale avec la poussière et le sable. C'était presque impossible de conserver un extérieur propre, mais notre attention se portait sur le mécanisme interne pour être sûr de son bon fonctionnement. Mais des fois on passait des semaines sans nettoyer quoi que ce soit.


Harine

Sur le terrain?
Oui, sur le terrain.

Ca en dit long sur la fiabilité des Kalash. Changeons de sujet : Vos équipages d'hélicoptères étaient ils équipés de NVG?
Je ne suis pas sûr qu'ils les utilisaient, mais je suis sûr d'une chose le vol de nuit était pour eux une épreuve. S'ils ne pouvaient s'assurer de la zone d'atterrissage, ils ne se posaient pas car c'était impossible dans les montagnes. Ils faisaient des opérations anti-convois de nuit qu'ils appelaient « chasse libre » où ils montaient d'énormes projecteurs sous le fuselage. Si ils voyaient du mouvement ils envoyaient la sauce et c'était comme si le Christ descendait sur terre dans un halo lumineux. Mais je ne suis pas un spécialiste en matière d'utilisation des Mi24.

Quel était votre matériel de communication?
On avait des radios R105, R125 et R126. Les R125 et 126 étaient des matériels légers qui étaient distribués aux groupes mobiles comme les nôtres. On avait besoin de stations relais. C'étaient des matériels assez compacts avec un écouteur et un micro fixé par une bande caoutchoutée que l'opérateur passait autour de sa tête. On avait également des stations fixes comme les 105 que l'on pouvait utiliser pour faire du morse ou en vocal en mode FM. Ce truc était lourd, dans un sac à dos. Si la distance était trop importante, on utilisait également une base relai qui se trouvait en général sur les points hauts. Toutes les communications se faisaient avec le poste de commandement.

Est ce que les Spetsnaz opéraient indépendamment ou étaient ils utilisés conjointement en opération avec d'autres unités?
Les deux, en fonction de la mission. On pouvait utiliser des bataillons entiers de parachutistes ou d'infanterie motorisée pour créer une diversion, comme si on était en phase de ratissage et d'élimination. Pendant ce temps les Spetsnaz faisaient leur mission programmée. Notre groupe a été utilisé une fois lors d'une opération importante afin de monter une embuscade sur une voie d'exfiltration possible de rebelles armés qui étaient poussés par nos troupes. Mais les forces Spetsnaz étaient utilisées pour des missions spécifiques.

Lors de vos missions, quels étaient vos modes d'insertion et d'exfiltration: parachute, hélicoptère, véhicule ou marche?
Même si nous étions fortement entrainés pour les sauts en parachute, il n'y a pas eu à ma connaissance de sauts effectifs en Afghanistan. Nous étions insérés et extrait par hélicoptères, des Mi8 la plupart du temps. Des fois les hélicoptères nous déposaient et nous étions récupérés par des blindés comme les BMP. D'autres fois nous allions avec les blindés dans une direction puis nous changions brutalement de route et nous finissions à pieds.

Comment sortiez vous des Mi8, est ce qu'ils se posaient, ou descendiez vous par cordes?
Nous n'avons jamais utilisé les cordes. Les hélicoptères faisaient du sur-place et on sautait.

Lorsque vous utilisiez des véhicules pour les insertions, quels étaient-ils?
Des BMP, des BMD, mais le plus souvent des BMP. Ils nous lâchaient sur les zones désignées à l'avance, ils étaient également utilisés pour des diversions tactiques ; ils s'éloignaient de notre groupe qui passaient par les montagnes puis par un changement de direction brusque ils se concentraient sur notre zone d'opération. D'habitude nos zones d'opération se situaient à 10 ou 15 kilomètres du point de largage, des fois un peu plus et nous devions crapahuter. Après notre opération nous avions rendez vous avec eux pour l'extraction, sauf si le terrain ne le permettait pas, dans ce cas on utilisait alors les hélicoptères.

Donc après votre transport en hélicoptère ou en blindé, vous marchiez environ 10-15 kilomètres?
Oui, mais seulement la nuit. On ne bougeait pas pendant le jour. Il n'y avait aucun mouvement pendant la journée sauf bien sûr les prises de positions défensives et d'observation.
Comment se préparaient vos embuscades contre les convois ennemis?
On observait attentivement la zone cible. Les mouvements tactiques étaient ensuite effectués en coordination radio entre le commandant du groupe et le commandant du bataillon. Mais la prise de décision finale était faite par les groupes en déplacement, nous. Bien sûr les zones d'embuscades étaient minées. Lorsque le terrain le permettait, on essayait de créer des avalanches de pierres sur la zone. On essayait de savoir combien de véhicules ou de bêtes de charge seraient utilisés pour le convoi afin que nos explosifs soient en quantité suffisante pour s'en occuper. On minait donc avec des mines électriques ou radiocommandées et on positionnait nos forces d'assaut là où il fallait. Notre groupe d'assaut pouvait être divisé en deux si on voulait couper le convoi en deux groupes pour les éliminer séparément. Les rebelles avaient habituellement des éclaireurs que l'on laissait passer. C'est uniquement lorsque le gros du convoi entrait dans la zone minée qu'on déclenchait l'enfer. Puis c'était le rôle de nos groupes d'éliminer les éclaireurs.

Donc vous étiez principalement engagés à éliminer les convois de ravitaillement des combattants rebelles. Comment étiez vous renseignés sur leur formation et leur déplacements?
En ce qui me concerne, j'obtenais les informations de la part de notre Groupe Leader et de notre CO (??). Comment obtenaient-ils les informations, mystère. Il y avait des réseaux assez bien organisés d'informateurs parmi les afghans et les Khad (leur service de renseignement). On, je veux dire les forces soviétiques de la 40eme armée, faisait également nos propres missions de reconnaissance, tant par voie aérienne qu'à pieds. La plupart des informations récupérées devaient être bien sûr vérifiée. C'est tout ce que je peux en dire car je n'étais pas impliqué directement dans la récolte de ces informations sauf bien sûr lorsque nous participions directement sur le terrain à l'observation d'un convoi en particulier. Je n'étais pas impliqué dans la récolte des informations stratégiques.

Lors de votre séjour en Afghanistan, qu'avez vous observé concernant le traitement des prisonniers?
Dans notre cas, nous avons eu affaire à de nombreux prisonniers car les rebelles n'étaient pas tous exterminés lors de notre premier contact. Il y avait des blessés et des personnes indemnes. Ils étaient simplement interrogés sur place tant qu'ils étaient en état de choc, ce qui nous permettait souvent d'obtenir de bonnes informations. Si ce n'était pas possible, nous avions des personnes spécialisées en la matière. En ce qui concerne notre unité, il n'y a pas eu de traitements abusifs sur les prisonniers, nous sommes restés dans les limites acceptables. Il n'y a pas eu de coupage d'oreille ou d'yeux crevés ou de choses semblables. Si quelqu'un résistait, et bien comment dire, il devenait simplement...mort. Pas de trucs cruels, pas d'égorgement, de coups à mort, il disparaissait...comme ça d'un coup. Ceux qui coopéraient, et en fonction du type d'opération dans laquelle nous étions engagée, était regroupés avec les autres survivants et évacués en priorité par hélicoptères avec nos blessés. Une fois arrivés, ils étaient remis aux « Verts » (armée régulière) ou aux Khad (Services de renseignements Afghan) et ce qu'ils faisaient d'eux, je n'en sais rien. J'ai entendu une anecdote sur un rebelle capturé 3 fois de suite en quelques semaines, les « verts » le relâchaient systématiquement. Donc ce qu'ils en faisaient, je n'en sais rien.

Avez vous vu des prisonniers exécutes?
IL N'Y AVAIT AUCUNE EXECUTION ! Des fois, il n'y avait simplement pas de survivants.

Comment les rebelles traitaient il les prisonniers russes?
Etre capturé par les Mujahideen était quelque chose que l'on ne voulait pas. Vous aviez toujours à l'esprit que la dernière grenade était pour vous. Ce qu'ils ont fait était horrible, ils ont dépecé des gens vivants, démembrés, coupé des têtes et autres horreurs. C'était très moyenâgeux. On a vu des corps... avec des traces de torture extrême. Donc une chose que vous ne vouliez à aucun prix c'était d'être capturé vivant. Il y a eu plusieurs cas ou les troupes on demandé à leur artillerie de concentrer le feu sur eux. C'est une chose relativement courante dans les techniques de guérillas que de venir très prés au contact des troupes adverses pour éviter que leur artillerie ne tire. Lorsque nos troupes n'avaient plus de munitions et qu'elles étaient cernées, elles faisaient en sorte d'attirer les adversaires au plus près et demandait à l'artillerie d'ouvrir le feu sur leur propre position. C'est arrivé quelques fois.

Quelle était la durée moyenne de vos opérations?

En règle générale de 3 à 5 jours. Une fois nous sommes partie en opération pour deux semaines dans la région de Vardak à l'est de Kabul pour garder des huiles (hauts gradés).

Est ce que votre unité a été impliquée dans des patrouilles de reconnaissance lointaine?
Non, les patrouilles de longue durée ne sont pas possible en Afghanistan, du moins dans la zone ou nous étions, essentiellement à cause du terrain. Toute patrouille aurait été facilement repérée à des kilomètres. La plupart des informations récoltées le fut par des renseignements provenant d'informateurs, de villageois, des services de renseignement de l'armée afghane et des agents. Il y avait bien sûr pas mal de reconnaissance aérienne. On utilisait également nos troupes de gardes-frontière dans leurs postes avancés (tellement avancé qu'ils étaient en plein territoire afghan). Donc on utilisait également leurs données car c'était leur travail quotidien qu'ils appelaient d'ailleurs "secret". En fait il ne faisait que relayer l'information.

Les informateurs auprès des Afghan semblent avoir joué un rôle très important dans l'obtention des renseignements. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur la façon dont ces informateurs étaient organisés et qui s'en occupait?
Je n'ai pas d'information de première main sur les informateurs et leur organisation, en conséquence je ne commenterai pas ce point. La mise en place des réseaux d'informateurs était de la responsabilité des GRU (Services de renseignements militaires) et du MVD (ministère de l'intérieur).

Donc ces services essayaient tous d'utiliser les Afghan les uns contre les autres.
Oh oui. C'était le sport national. Certains d'entres eux pouvaient même être utilisé au sein des convois car ils pouvaient garder en récompense le dernier véhicule. Donc les informateurs étaient tous matériellement et financièrement intéresses. Il n'y avait pas de philanthropes, peut être quelques uns pour des idées politiques, mais c'était des cas très isolés. La plus part des magouilles étaient faite contre des récompenses monétaires Tout ce que je sais, c'est que cela se faisait sur une grande échelle, et que la délation était fortement encouragée. Mais je veux préciser que je n'était en rien impliqué dans ce truc et que mes informations sont de secondes mains..

Quels étaient les risques pour les opérations Spetnaz type, aviez vous souvent des pertes?
95% de nos opérations se faisait sans perte. Si nous avions des blessés, c'était en règle générale des blessures peu importantes qui ne nécessitaient pas d'évacuation. Sauf lors de ma dernière opération où nous avons eu 7 tués et deux blessés sérieux.

Si quelqu'un était blessé, quelles étaient ces chances d'évacuation réussie?

100% de nos blessés ont été évacués avec succès. Il y avait des ordres au plus haut niveau pour qu'aucun soldat ne soit laissé sur place, mort ou blessé. Quelque fois des opérations lourdes furent montées pour récupérer des corps. Nous n'avons jamais laissé qui que ce soit derrière. La confiance que nous avions en ce principe était absolue. En plus, on connaissait certains pilotes d'hélicoptères qui volaient régulièrement avec nous, c'était de véritables héros, ces types, des vrais. J'aurais été avec eux sur n'importe quelle opération car je savais qu'ils auraient tout fait pour nous sortir de là.

Combien de temps prenait une évacuation sanitaire?
Cela dépendait, dans les montagnes c'est presque impossible d'être évacué de nuit. On devait donc attendre la lumière du jour. Cela dépendait, cela pouvait prendre de 15 minutes à 2 heures lorsque les hélicos pouvaient voler.

Quel était le type d'opération la plus dangereuse?
Toutes étaient dangereuses. Je pense que traquer les rebelles dans les villages étaient les pires. Car si vos flancs étaient protégés, vos arrières ne l'étaient pas. Lorsque vous étiez sûr d'avoir nettoyé une zone, un vieil homme vous tirait dessus avec un vieux fusil à poudre. On était donc sur les nerfs en permanence.


Harine


Pouvez-vous nous donner un avis sur les capacités militaires des Mujahideen?

Je ne suis pas qualifié pour vous répondre. Mais je peux vous dire que nous étions supérieurs à tout niveau. Nous avons gagné tous les affrontements que nous avons organisés et exécuté. Ils étaient très limités. Ils faisaient des embuscades mais perdaient plus de combattants que nous. En un mot ils étaient surtout opportunistes.

Quels étaient leurs forces, avaient il un point fort?
L'esquive, la patience, la haute connaissance de leur environnement local. Ils connaissaient toutes les crevasses, tous les trous, chaque grotte, tous les chemins d'accès ente autre. Ils étaient très bons dans l'esquive. Ils nous tiraient dessus et avant que vous ne vous en aperceviez on voyait débouler un petit vieillard avec son âne et son chargement de bois sec. Mais on ne savait pas s'il transportait son "Lee Enfield" dans le tas de branchage ou non.

Étaient-ils doués pour les tirs de précision?
J'ai vu mieux et pire aussi. On ne peut pas dire que chaque Afghan était capable de couper une mouche en deux. Des fois ils avaient des fusils assez puissants et je suis sûr que certains d'entre eux était équipé de lunette de tir. Ils tiraient en espérant toucher quelque chose, et cela arrivait assez souvent.

Quelles étaient leurs faiblesses?

Principalement leur manque d'équipement. Et ils étaient gênés par nos actions d'interception des lignes de ravitaillement. Ils n'avaient pas d'organisation intégrée. Il nous est arrivé de nous poser et de les regarder s'entretuer. Certainement pour des questions de sphère d'influence. Par exemple les Pushtu du sud ne voulaient absolument pas avoir de contacts avec les Tadzhik et les Uzbek du nord. Et cela continue même maintenant.

Pouviez-vous exploiter ces carences?

Bien sûr. Dans certaines provinces nous avons signé des pactes de non-agression avec des villageois locaux et des groupes armés afin d'éviter des affrontements. On partageait nos informations avec eux et on leur fournissait même des armes (rires), en contrepartie, ils nous informaient sur les mouvements des autres groupes, les dates de passage des convois d'armes, les lieux de passage, et même nous fournissaient des guides. C'est une pratique normale et qui dure depuis des siècles.

Il y avait donc des traités de paix et des alliances avec des groupuscules Afghans? Pouvez vous nous dire comment ses pactes de non-agression étaient négociés et par qui?
Très simplement, ils nous disaient "tel village ne doit pas être inquiété". Ou des troupes d'infanterie organisaient des convois de type humanitaire avec de la farine, du kérosène et quelques armes défensives. Je n'étais pas impliqué dans ces négociations, je ne peux en conséquence vous en décrire les rouages. Cela pouvait être négocié au niveau d'une division ou d'une armée ou d'un bataillon. Chaque bataillon avait une zone sous sa responsabilité. En termes clairs, cela voulait dire qu'entre tel village et tel autre village cette zone était sous votre responsabilité. Et qu'en conséquence vous deviez avoir une connaissance totale des activités rebelles dans cette zone. Encore une fois, je n'étais pas impliqué directement et les informations que je vous donne sont de seconde main. On nous expliquait simplement que tels individus étaient « des amis » et qu'ils ne devaient pas être inquiétés. Nous n'avions pas connaissance des termes précis de ces accords. Lorsqu'un responsable (CO ??) avait des conflits sur sa zone, des pertes, des blessés, il était mal noté par ces supérieurs alors le commandant du bataillon allait négocier et essayait de faire la paix sur la base "ne nous tirez pas dessus et nous ne vous tirerons pas dessus". Du jour au lendemain il n'y avait plus de conflit, plus de pertes, plus de blessés, plus rien et tout le crédit en revenait au commandant. Maintenant je ne peux pas vous dire si notre groupe était impliqué dans le processus. Tout ce que je peux dire c'est qu'il y avait des villages amis. 

Quel a été l'impact de l'introduction des missiles Stinger sur les opérations soviétiques?
Et bien, cela a changé radicalement la façon dont les hélicoptères et les avions on été utilisés. Ils avaient par exemple des couloirs prédétermines d'approche sur les aéroports. Vous devez comprendre que la plupart des impacts directs se faisait sur des avions cargo volant à basse altitude en phase d'approche ou de décollage. Et en ce qui concerne les Mi8 et Mi6 lorsqu'ils décollaient, atterrissaient ou lorsqu'ils manœuvraient à basse vitesse, en un mot dans leurs phases transitoires et non pas dans leurs phase de vol à grande vitesse. Les Mi24 étaient très rarement abattus, mais il y a eu quelques pertes. Lors d'un tir réussi, dans 25% des cas nous pouvions remettre en état les machines et les remettre en service. Les conséquences de l'introduction des Stingers furent importantes car ils changèrent les méthodes d'approche/décollage et nous a obligé à installer des leurres thermiques sur les appareils.

Certaines personnes affirment que l'introduction des missiles Stinger à partir de Septembre 86 à fait fléchir le cours de la guerre en faveur des Afghans et leur a même permis de la gagner. Qu'en pensez-vous?
Qui dit ça? Les Afghans ont perdu la guerre du premier au dernier jour où le dernier soldat soviétique a quitté le territoire. Ils n'ont pas gagné une seule *^$^*^d'opération mais simplement quelques embuscades. Il n'y a eu aucun succès militaire significatif en leur faveur. C'est comme ça. Prenons l'image d'un grand gars costaud qui prend à partie un freluquet à la sortie de l'école. Et il le corrige encore et encore et toujours. Puis le grand réalise qu'il n'arrive à aucun résultat et qu'il n'y a rien à faire, que le freluquet ne pliera jamais. Donc au bout d'un moment le grand arrête et rentre chez lui dépité. C'est ce qui est arrivé en Afghanistan. Ils ne nous ont pas forcés à quitter le territoire. Il n'y a eu aucun succès militaire qui aurait pu faire dire "Mon dieu, sonnez la retraite, vite, vite". Non rien de cela. Les Stingers ont fait quelques dégâts mais rien d'important et n'ont pas provoqué la défaite de 100 000 soldats de l'armée soviétique bien équipés. La sortie était prévue et planifiée en accord avec l'accord de paix de Genève. Accord qui fut signé par toutes les parties impliquées et qui fut planifiée et exécutée comme une opération militaire millimétrée permettant le départ de nos garnisons. Tous les membres de notre unité sont sortis en ordre. Et comme je le dis, c'est aussi simple que ça en accord avec le traité de paix de Genève. Donc même si les Stingers ont eu quelque influence sur les plans de vol, et nous ont obligé à installer des contre-mesures, ils N'ONT PAS radicalement changé le cours des événements de quelque façon que ce soit. C'est aussi simple que ça. Si quelqu'un affirme le contraire, ce n'est pas un militaire ou bien c'est un militaire qui a eu ces galons dans une pochette surprise. Il n'y a pas eu de succès militaire du coté des rebelles. Il y a eu quelques opérations ratées coté russe à cause du manque de préparation et qui ont été considérées comme un "succès" coté Afghan. Mais ce sont des cas très rares et les Stingers n'y sont pour rien.

Donc vous pensez que l'influence des Stinger sur le cours de la guerre était mineure?
Oui bien sûr. Que pouvez vous faire avec un missile d'épaule contre, disons, une batterie complète d'artillerie composée de Grad? Bon disons que sur une formation de 6 hélicoptères vous en descendez un. Qu'est ce qu'il advient de votre détachement? 4 hélicoptères fondent sur vous avec tout ce qu'ils ont de disponible, canons, bombes, roquettes et pendant ce temps le dernier hélicoptère récupère l'équipage de la machine à terre. Pensez-y, les Stingers n'étaient utilisés que sur des hélicoptères volant à basse altitude et basse vitesse en solo. Il était très rare qu'ils les utilisent sur des formations. La plupart des avions touchés étaient des avions de transport lents, pas les Mig. Les Stingers n'étaient pas la panacée. Vous ne pouvez pas vous battre au sol avec des missiles anti-aérien. Vous deviez avoir des chars, des blindés, des armes fonctionnelles, des routes d'approvisionnement, une logistique à toute épreuve, les réserves devaient être également là où c'était nécessaire. Pas comme cacher un AK de fabrication chinoise sous votre lit, attendre et la sortir la nuit pour tuer quelques Shuravi (russes). Ca ne marchait pas comme ça. Les Stingers, même s'ils ont eu quelques succès relatifs n'ont pas fait pencher la balance. Les rebelles n'ont pas gagné cette guerre. Et dire que la Russie a perdu après l'introduction des Stingers en 86 est farfelu. Allez sur notre site internet (www.afghanwar.ru) et regardez l'évolution du nombre de morts avant et après cette date. Il n'y a pas eu d'incidence, le ratio est aussi stable qu'en 84 et 85.

Est ce que les opérations Spetsnaz ont changé depuis l'introduction des Stingers?
Non, tout le monde voulait en trouver un. Il y avait une rumeur circulant dans les rangs disant que celui qui capturerait un missile Stinger serait immédiatement décoré de la Médaille d'or de Héros de l'Union Soviétique. Et dans les faits, je crois qu'il y a eu une embuscade contre une colonne russe qui a bien résisté. En chassant les rebelles jusqu'au sommet des montagnes, ils ont trouvé un missile Stinger. Mais lorsque le commandement a commencé à discuter sur qui devait avoir cette médaille, et lorsqu'il s'est penché sur le parcours des officiers qui avaient pris part à cette opération, le commandement à découvert que les officiers étaient des alcooliques profonds, ou qu'ils trompaient leurs femmes. Aucun d'entre eux n'avait un profil acceptable. Et comme le commandement ne voulait pas donner cette médaille aux soldats du rang qui avait trouvé le missile. Ils ont finalement donné la médaille à quelqu'un d'autre pour "performance dans le support logistique".

Comment étaient les officiers dans l'armée soviétique à cette époque?
Et bien, tout d'abord je dois dire que là où j'ai servi ce n'était pas des officiers ordinaires. C'était des militaires professionnels et de vrais pro dans ce qu'ils faisaient. Maintenant si vous parlez des officiers des troupes d'infanterie motorisée, ils étaient en grande majorité des "bleus" tout droit sortis des collèges civils. D'après ce que j'ai entendu, mais je ne l'ai pas vu de mes propres yeux, il n'y avait pas de bonnes relations entre ces officiers et les engagés dans ces unités. Même les soldats expérimentés les traitaient de "chacals" qui étaient leur sobriquet. Mais bien sûr pour chaque mauvais il y avait un bon et même un excellent qui avait le charisme nécessaire. La plupart de nos officiers était des vrais pro et on a jamais eu de problèmes avec eux, sauf si bien sûr on avait merdé.

Et en ce qui concerne les NCO (???)
En grande majorité, ces types, comme c'était le cas dans notre unité, étaient des bons, vous pouviez leur laisser votre gamin de 2 ans en toute confiance. Mais je me répète, vous preniez ceux affectés à l'infanterie motorisée ou aux troupes de parachutistes de base et là ils frôlaient les limites de l'incompétence. Certains étaient de vrai atouts mais beaucoup de ceux qui étaient à l'arrière n'avait qu'une seule préoccupation: comment sortir de la misère.




Harine

Est ce que vous pensez qu'il y avait plus d'opérations spéciales en 85-86 qu'au début des années 80?
Je n'en sais rien. N'oubliez pas que cette guerre a débuté par une opération spéciale destinée à capturer et tuer le premier ministre Afghan de l'époque, d'investir le Palais, de se saisir de tous les ministres et de bloquer les forces militaires Afghanes dans les casernes. Tout simplement l'exécution d'un Coup d'Etat.

Quelles étaient les conséquences de l'hiver afghan sur les opérations?
Tout s'arrêtait ou cela diminuait considérablement le nombre d'opérations. Ils ne recevaient plus de ravitaillement, à part venant du sud (il faisait un froid de ^$^$*). Ca n'a pas d'importance si vous viviez ici ou pas, c'était froid. Tous les passages dans les montagnes étaient couverts de neige avec de nombreuses avalanches. La neige commençait à tomber dans notre zone entre Octobre et Novembre et s'arrêtait en Mars ou Avril. Le thermomètre descendait jusqu'à -50 (Je pense qu'il y a une erreur sur le texte original et que l'on parle bien de -50 Celsius et non pas -50 Fahrenheit ce qui ne ferait que -10 Celsius)

Comment étaient les officiers dans l'armée soviétique à cette époque?

Et bien, tout d'abord je dois dire que là où j'ai servi ce n'étaient pas des officiers ordinaires. C'était des militaires professionnels et de vrais pros dans ce qu'ils faisaient. Maintenant si vous parlez des officiers des troupes d'infanterie motorisée, ils étaient en grande majorité des "bleus" tout droit sortis des collèges civils. D'après ce que j'ai entendu, mais je ne l'ai pas vu de mes propres yeux, il n'y avait pas de bonnes relations entre ces officiers et les engagés dans ces unités. Même les soldats expérimentés les traitaient de "chacals" qui étaient leur sobriquet. Mais bien sûr pour chacun des mauvais il y avait un bon et même un excellent qui avait le charisme nécessaire. La plupart de nos officiers était des vrais pros et on a jamais eu de problèmes avec eux, sauf si bien sûr on avait merdé.

Et en ce qui concerne les NCO (???)

En grande majorité, ces types, comme c'était le cas dans notre unité, étaient des bons, vous pouviez leur laisser votre gamin de 2 ans en toute confiance. Mais je me répète, vous preniez ceux affectés à l'infanterie motorisée ou aux troupes de parachutistes de base et là ils frôlaient les limites de l'incompétence. Certains étaient de vrai atouts mais beaucoup de ceux qui étaient à l'arrière n'avait qu'une seule préoccupation: comment sortir de la misère.
Est ce que l'armée soviétique mettait plus l'accent sur les opérations spéciales dans les années 85/86 que dans les opérations conventionnelles?
Je ne peux parler au nom de l'ensemble de l'armée mais il y a eu pas mal d'opérations spéciales telles que celles que j'ai décrite précédemment. Le principe étant de couper les routes d'approvisionnement, de détruire leur infrastructure de toute sorte, leur systèmes de communication quels qu'ils soient, d'exterminer les groupes de rebelles et plein de chose dans ce style. Ces ^$^$^$$^ étaient terrifiés par les troupes "Black Spetsnaz" également appelé Kurbashi. Ils avaient vraiment la trouille d'eux car ils savaient ce que ces Spetsnaz étaient capable d'accomplir et qu'ils fondaient sur eux comme l'épée d'Allah tombait sur leurs têtes. (Les Kurbashi ou bien encore les commandos noirs étaient de vrais fantômes, un cauchemar pour les Afghan, cauchemar symbolisé par ces troupes soviétiques de Spetsnaz). Si les rebelles savaient qu'ils avaient en face d'eux des troupes d'infanterie motorisée ou des parachutistes, même s'ils étaient crains, c'était une chose. Mais s'il était question des Spetsnaz, alors ils étaient terrifiés. Et cette réputation n'était pas usurpée, et à l'époque dont vous parlez, 85-87, les Spetsnaz avaient déjà derrière eux 5 ou 6 ans d'expérience basée sur des opérations réussies.

Est ce que vous pensez qu'il y avait plus d'opérations spéciales en 85-86 qu'au début des années 80?

Je n'en sais rien. N'oubliez pas que cette guerre a débuté par une opération spéciale destinée à capturer et tuer le premier ministre Afghan de l'époque, d'investir le Palais, de se saisir de tous les ministres et de bloquer les forces militaires Afghane dans leur casernes. Tout simplement l'exécution d'un Coup d'Etat.

Quels étaient les conséquences de l'hiver afghan sur les opérations?

Tout s'arrêtait ou diminuait considérablement le nombre d'opérations. Ils ne recevaient plus de ravitaillement, à part venant du sud (il faisait un froid de ^$^$*ù). Ca n'a pas d'importance si vous viviez ici ou pas, c'était froid. Tous les passages dans les montagnes étaient couverts de neige avec de nombreuses avalanches. La neige commençait à tomber dans notre zone entre Octobre et Novembre et s'arrêtait en Mars ou Avril. Le thermomètre descendait jusqu'à -50 (Je pense qu'il y a une erreur sur le texte original et que l'on parle bien de -50 Celsius et non pas -50 Fahrenheit qui ne ferait que -10 Celsius)

Quel était l'effet de l'hiver sur les Spetsnaz?
Il n'y avait plus de convois, donc nous nous rabattions sur les groupes rebelles qui faisaient du R&R (???) et donc grâce aux informations reçues, on les traquait et les éliminait. Mais l'intensité était faible. Pendant l'été nous avions 2 semaines d'opération par mois, pendant l'hiver nous avions 1 semaine seulement tout les deux mois, très rarement chaque mois. Donc l'intensité des opérations était réduite d'au moins 50%.

Y avait-il un équipement particulier qui représentait un avantage déterminant pour vos missions?
Oh oui, P$^*ù c'est comme si vous demandez à un gamin s'il aime les glaces. Oui, le GPS, les NVG même si on pouvait s'en passer. Tout d'abord celui qui dit que chaque membre du commando doit être équipé de NVG est un abrutit et n'a jamais participé à une opération de nuit. Car si vous aviez des observateurs avancés du coté de l'ennemi, ils pouvaient vous repérer facilement. Il suffisait d'un seul reflet sur les NVG pour permettre à l'ennemi de trouver la position du groupe (pas sûr de la traduction car l'auteur parle de lumière émise par l'équipement NVG, ce qui me semble paradoxal). En ce qui concerne l'équipement de base, j'aurais aimé avoir un blouson bien chaud au lieu du bdu en coton. J'aurais aimé avoir un manteau long. Et à la place du sac de couchage rembourré de coton, qui était l'équipement le plus lourd à transporter, j'aurais aimé avoir un sac de couchage plus long, plus léger que l'on aurait pu rouler plus serré. Les bottes que nous utilisions étaient des bottes classiques de parachutiste qui n'étaient pas très efficaces en montagne. Quelques officiers qui étaient par ailleurs des alpinistes chevronnés possédaient leurs propres chaussures de montagne. Pour la grande majorité d'entre nous, on changeait nos bottes contre des basquettes ou des chaussures basses légères (Sneakers). Mais en période hivernale, on n'avait pas le choix, il fallait utiliser les bottes fournies. Donc oui, une paire de botte légère et confortable avec une semelle efficace aurait été très précieuse.

Et à propos des sacs de transport?
Je préférais le RD54 au sac ALICE. Ce truc, même s'il semblait petit, et si vous saviez utiliser correctement chaque centimètre carré, pouvait transporter une tonne de matériel. Il conservait toujours sa forme et rien ne vous abimait le dos. Mais dans sa configuration de base, tel qu'il nous était fourni, il n'était pas assez pratique. On prenait donc nos aiguilles et du fil et on l'ajustait jusqu'à ce qu'il nous convienne. Bien sûr le brelage de poitrine était très important pour nous. On recevait d'office une pochette chargeur à mettre à la taille, mais c'était de la M^$^*. Si vous rampiez, la poche vous rentrait dans les C^$ù*, si vous marchiez avec, elle faisait descendre votre ceinture dans votre C$^* et cette poche ne contenait que 4 chargeurs. Donc le brelage de poitrine chinois, le Chicom, était très recherché bien qu'il ne contenait que 3 chargeurs. On le trempait dans l'eau et on mettait 6 chargeurs, en force, et on détendait le tissu. On ne pouvait naturellement plus fermer les rabats. Donc un bon brelage de poitrine était parfait.
Un système de purification et de filtration d'eau aurait également été un équipement apprécié. Nos tablettes de chlore n'étaient pas suffisantes et donnaient un gout détestable à l'eau. L'armée soviétique a subit un nombre significatif de pertes hors des champs de bataille à cause de la purification de l'eau. Les hépatites, la dysenterie, les fièvres typhoïdes étaient redoutées. En montagne, on faisait fondre la neige et on attrapait la dysenterie. C'était un vrai problème. Des rations plus légères auraient été bien aussi. On transportait le pain et plein de conserves. Les conserves pesaient beaucoup. Donc oui, des rations plus légères auraient aidé. Des gilets pare-éclats plus efficaces auraient également été souhaités. Les nôtres arrêtaient les éclats mais les cotés étaient ouverts. Ils étaient parfois efficaces contre les 7.62 mais ne posaient pas de problème contre le 5.45 d'un Lee Enfield.

En pratique, quelles étaient les munitions que vous auriez aimé voir stoppée par une protection balistique?
Rires. Le 303 britannique. Si vous étiez capable de stopper ça, vous auriez pu survivre à tout, à l'exception du calibre 50 bien sûr.

Y-a-t' il un entrainement spécifique que vous auriez aimé recevoir?
Oui, un entrainement d'alpinisme plus poussé. Pas juste pour la moyenne montagne, mais pour de la grimpe avec cordes et autres équipement spécifiques. Cela nous aurait été utile. Sinon rien de plus que ce que nous avions reçu. On savait comment poser des pièges, miner et tirer bien sûr.
Le plus dur était d'habituer nos organismes à la raréfaction de l'oxygène, l'eau et les changements climatiques. Il est très important de recevoir un entrainement dans les conditions exactes de votre future affectation, et pas seulement sur 2 semaines mais sur 3 mois afin que votre corps puisse commencer à s'acclimater.

A quel élément devez vous le succès de vos missions?
Un entrainement sans faille et un armement de première qualité.

A quel élément imputez-vous l'échec de vos missions?
Commandants abrutis, manque de coordination des renseignements. Dans la plupart des cas, des décisions maladroites prises par les officiers.

Pourquoi la Russie est elle intervenue en Afghanistan?

Je cherche toujours la réponse, même aujourd'hui.

Que vous a-t on dit pour justifier cette intervention?
Vous devez comprendre que l'Afghanistan était le petit frère que l'Union Soviétique devait protéger de l'agression des impérialistes. Donc on devait aider cette jeune république socialiste dans sa quête de la démocratie et du socialisme. Et c'était comme ça qu'on nous a présenté la chose, depuis on sait ce que valait cet argument. Mais si ce n'avait pas été la Russie, ça aurait été quelqu'un d'autre qui aurait pris l'initiative. C'était un vrai baril de poudre, des conflits partout, une guerre civile larvée.

Donc vous pensez que l'Union Soviétique est intervenue pour calmer le jeu dans la région?

Oui, c'est cela, car il y avait des risques réels. Les russes étaient réticents pour l'intervention même s'ils ont reçu de nombreuses demandes d'aide de la part du gouvernement Afghan. Nous avons envoyé du support et des conseillers mais lorsque le premier ministre a commencé à engager des pourparlers avec les américains, les russes ont alors décidé d'y aller et de sécuriser la région. Vous devez réaliser que nous avons des frontières directes et étendues avec l'Afghanistan. Mais je dois vous rappeler une fois de plus que je n'étais pas impliqué dans le processus décisionnel (rires).

Quelles sont les plus grandes menaces auxquelles les forces spéciales américaines doivent faire face en Afghanistan?

Les mêmes que les nôtres. Tout d'abord, vous devez vous rendre compte de l'hypocrisie des alliances supposées. Lorsque vous allez à leur rencontre avec le sourire et en tendant un bout de chocolat à leurs enfants, vous n'achetez pas forcément leur loyauté. Vous devez Vous devez comprendre que la seule loyauté qu'ils acceptent d'honorer est celle envers Allah. Vous n'êtes pas musulmans, vous êtes donc un infidèle. Les Talibans sont des Musulmans, ce sont donc leurs frères. Donc voici ce que les américains doivent comprendre. Les lâcher de nourriture qu'ils pratiquent en ce moment ne vont pas leur rapporter quoi que ce soit. Les américains doivent réaliser que ce peuple Afghan est en guerre depuis 20 ans. Ils ont vu tous les envahisseurs, britanniques, russes, tous. Le plus important est leur fourberie. Ils vous sourient, prennent une barre chocolatée, disent merci mon ami *Impérialiste*. Mais dès que vous sortez du village, ils informent le chef local des talibans que vous étiez ici, combien étiez-vous, quel était votre armement etc etc.... Et ils vous tendent une embuscade.
L'autre point est le climat. A cette époque, l'hiver approche. D'après ce que j'ai pu voir de l'équipement grand froid US, il ne résistera pas dans les montagnes. Toute cette technologie de couches successives, avec le vent qu'il y a en montage, ça ne résistera pas. Ils doivent donc repenser ça rapidement.
Un autre point, la géographie très escarpée où des équipements tels que les Blackhawk ou les Apaches ne pourront opérer. L'altitude, la poussière, la saleté, la crasse est partout où vous allez. Ce sera un autre point délicat à gérer. Je rajouterai aussi, les locaux, la météo, le terrain les équipements. Et je ne dis pas que cela marchera ou pas, je dis juste ce à quoi ils devront penser. Je suis sûr que l'entrainement de ces types est correct, ils connaissent leur job et leurs armes sont opérationnelles. Mais c'est la première fois qu'ils viennent ici...

Basé sur votre expérience, comment notez vous les forces spéciales US?
Je n'ai aucune expérience en la matière. Si vous voulez que je partage mon sentiment basé sur ce que j'ai pu voir à la télévision: ils sont les plus efficaces au monde!(remarque vraisemblablement narquoise). Mais en réalité, je ne peux donner mon avis et j'ai toujours un problème avec les gens qui donnent le leur sans savoir de quoi ils parlent.

Andrei, merci d'avoir fait partager votre expérience avec nous et nos lecteurs.
J'espère simplement qu'on peut apprendre de nos erreurs passées et que tous les gars qui se trouvent sur place puissent rentrer un jour chez eux. J'espère que les américains n'auront pas à subir ce que nos parents et nos familles ont eu à subir suite à la disparition de nos êtres aimés. Par dieu, j'espère que les américains ne s'enliseront pas dans un long et sanglant conflit. S'ils veulent être efficaces j'espère qu'ils suivront leur stratégie affichée et qu'ils se retireront le plus rapidement possible.
Les Afghans ne peuvent être gouvernés par qui que ce soit.


Dingchavez

Quelques petites choses à corriger ou à préciser mais c'est super ! Tu devrais poster ça sur Fronto  :chapeau2:
RedFor Forever !

Harine

Enfait ça en vient ^^ C'est KLH31 qui a traduit ^^


Elliot



ricco

#8
Très instructif..

p.s : après lecture approfondie, attention il y a quelques passages en doublon.
@Dead : tu peux lire en plusieurs fois.

Daedalus



Dingchavez

Citation de: Silly le 29 Juillet 2012 à 11:43:45
Enfait ça en vient ^^ C'est KLH31 qui a traduit ^^

Bon ben merci, j'ai zappé son post là bas ^^
RedFor Forever !

Schoumy



Menfin



Paution

#13
Superbe !
bravo pour le travail de traduction !
Je n'ai pas encore tout lu mais déjà quelques indications issus de ma petite connaissance :
- Private = grade de base de l'armée américaine équivalent de soldat
- FO = Forward observer est un observateur avancé initialement pour faire l'interface sol/air mais qui sert maintenant également d'observateur d'artillerie
- CO = je pense que cela veut dire Commanding Officer, donc Officier Responsable


Clevinger

R&R : rest and relax = repos
NCO: Non-commissioned Officer = sous-officier.